Simple, généreuse, la mezzo‑soprano américaine évoque son choc 
après les attentats de novembre 2015 
à Paris. Elle a choisi de réagir en musique, avec un album d'airs baroques tissé 
autour de la guerre et la paix. Elle joue 
par ailleurs dans un nouveau film 
sur Florence Foster Jenkins

Le Temps

Joyce Di Donato est une diva des temps modernes. Elle tient un blog, poste des tweets et des photos sur Instagram. «Ni activiste ni politicienne», elle est socialement engagée. Elle défend les minorités, chante dans les prisons, s’indigne de la fusillade à Orlando ou des attentats à Paris. Son dernier album, In War & Peace: Harmony through Music, est un acte de foi. C’est un cri du cœur en réaction aux injustices dans le monde. Les airs de Händel et Purcell qu’elle a choisis traitent tous de la guerre et d’âmes laminées par la soif de vengeance et de pouvoir. On pourrait sourire de cet irénisme à l’américaine, mais la mezzo est déterminée à apporter sa pierre à l’édifice de la paix.

Qu’ils s’appellent Riccardo Muti, Alfred Brendel, Judi Dench ou Ruth Bader Ginsburg (juge progressiste de la Cour suprême des Etats-Unis), tous ont répondu à son appel. Ils ont posté des messages pour répondre à cette question posée par Joyce DiDonato: «Au milieu du chaos, comment trouvez-vous la paix?». Rencontrée dans une suite du très chic Bellerive au Lac de Zurich, juste deux jours avant le résultat des élections américaines, la mezzo-soprano évoquait son dernier album paru chez Erato et un film du réalisateur allemand Ralf Pleger, The Florence Foster Jenkins Story, où elle-même incarne l’extravagante diva qui chante faux. Rien à voir avec le dernier blockbuster hollywoodien de Stephen Frears porté par les vedettes Mery Streep et Hugh Grant: il s’agit d’un «docu-fiction» qui tente de cerner le destin de cette artiste au talent entièrement factice.

Feature: Le Temps

Image: Chris Lee